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"Après avoir souhaité rattraper le retard, j'ai maintenant un pincement au cœur, au moment de vider notre nid, de descendre à quai pour de bon, et de saluer nos camarades éphémères.
De l'Est à l'Ouest, de l'automne à l'été indien, en passant par l'hiver glacial.
Toutes les saisons, tous les climats, toutes les lumières.
L'eau en pluie, en neige, en nuage, en verglas, en brume, en lac et en rivière.
Notre aventure humaine et naturelle au rythme des voies de chemin de fer s'achève."
Notre train train |
Nous, c'est la ligne rouge |
Ontario |
La cabine panoramique |
Confortable et vitrée |
Petit showcase privé |
1er arrêt! |
Winnipeg, capitale du Manitoba |
Il a même pas froid, il est vraiment fort ce Gandhi! |
Le marché couvert |
Ma partenaire de crime |
Manitoba in black & white |
Saskatchewan au soleil couchant |
Les plaines à perte de vue |
Les fucking wagons de fret! |
Froid et bonne humeur |
Paysages tout en longueur |
On arrive en Alberta |
Arrêt à Jasper: notre wagon sous la montage |
De Jasper à Vancouver, la plus belle portion |
Sapins, montagne et neige |
50 nuances du gris |
Le wagon détente |
Le petit-dèj est servi! |
Dur de faire de belles photos dans un train... |
Qui rêverait d'habiter cette cabane? |
Lunch time |
Le menu proposé à bord |
Les prix sont corrects et les portions généreuses |
Enfin, la Colombie-Britannique |
Allez, bonne nuit! |
Le texte et infos pratiques:
Tchou tchou
les p’tits canailloux !
Aujourd’hui,
comme promis, je vous fais prendre le train Transcanadien, de Toronto à
Vancouver.
Mais laissez-moi
d’abord revenir un peu en arrière.
J’étais donc
chez mon amie Doriane à Toronto et le plan initial était qu’elle obtienne des
vacances et qu’on fasse la traversée en voiture, pour que je puisse rejoindre
Vancouver avant l’hiver (parce que voyez-vous, je suis une grosse trouillarde
qui a peur de l’hiver Canadien, et qui espère s’en échapper en misant sur la
côte Pacifique et tempérée).
Cependant,
après diverses péripéties, Doriane n’a pas pu obtenir ses vacances comme prévu
et j’ai donc décidé de partir seule en train. Nouveau rebondissement, il m’a
été impossible de réserver mon billet de train à la date que je souhaitais pour
de nombreuses raisons (dont une étant que la société de train Via Rail
n’accepte pas les paiement en ligne avec une carte autre que Canadienne, oui
c’est extrêmement pratique pour les touristes étrangers !). J’ai donc
décidé de ne pas m’obstiner contre les coïncidences, et j’ai réservé un billet
pour le train suivant (4 jours plus tard donc, car oui, il n’y a que deux
trains par semaine). La bonne surprise c’est que les affaires de Doriane se
sont arrangées et qu’on a pu partir ensemble dans cette aventure pour le moins
rocambolesque !
Pour vous
donner quelques chiffres, le trajet entre Toronto et Vancouver c’est près de
4500 km à travers 5 provinces, pendant 4 jours et 4 nuits (enfin plutôt 5, en
l’occurrence).
Comme nous
sommes joueuses, nous avons choisi la classe éco, ce qui veut dire que nous
n’avions ni couchette, ni douche, ni repas, ni wifi. En somme, le
bonheur !
Le départ a
eu lieu à Toronto vers 22h et nous avons d’abord été agréablement surprises par
nos sièges qui avaient l’air confortables, avec même un petit repose-pied pour
passer la nuit à peu près allongées. Je ne vous cache pas qu’on a déchanté au
bout de quelques heures et de plusieurs retournements nocturnes dans notre
petit nid pas si douillet. Mais qu’importe, nous étions pressées de voir le
jour se lever sur l’Ontario.
Dans
l’après-midi, nous avons percuté quelque-chose et le train s’est arrêté. Il
s’agissait d’un morceau de rail qui a perforé les tuyaux d’aspiration de l’air,
nous laissant sans toilettes pendant plusieurs heures. Mais heureusement notre
mécano McGyver a réussi à rafistoler tout ça avec des boîtes de Pringles (allez
savoir comment…).
Le 2ème
soir, nous avons eu le droit à un concert donné par une charmante chanteuse-guitariste
qui passe sa vie dans les trains à divertir les voyageurs. Un petit moment de
douceur avant la suite des ennuis…
Alors que
nous allons nous coucher, nous approchons tranquillement de la frontière avec
la province du Manitoba, et depuis des heures nous sillonnons des forêts de
bouleaux et de sapins enneigés, ponctuées par des lacs gelés.
2ème
jour, nous arrivons à Winnipeg, la capitale du Manitoba, au petit matin. Et on
peut dire que c’est vivifiant de se prendre du -15°C dans les gencives au
réveil ! On a le droit à un arrêt de 2h, le temps de jeter un œil dehors,
capter un peu de Wifi, et visiter le marché couvert.
On remonte
dans notre wagon, et après un changement d’équipage et du wagon de tête
(rapport aux tuyaux endommagés le jour précédent), nous traversons le Manitoba
et ses plaines enneigées à perte de vue.
En début de
3ème soirée, nous sommes toujours dans le Manitoba et nous avons pris plusieurs
heures de retard à cause de la compagnie ferroviaire de fret qui possède les
rails et a donc priorité sur les trains avec passagers. Le problème c’est qu’on
comprend très vite qu’il y a des dizaines de trains de fret qui passent et
qu’on doit à chaque fois se ranger sur une autre voie, en attendant parfois
plusieurs heures sans avancer. Les toilettes pour personnes à mobilité réduite
sont définitivement hors services, et les fumeurs commencent à être en manque
de nicotine vu que les pauses sont sucrées en raison des retards. La tension
monte d’un cran.
Le matin du
3ème jour, nous arrivons péniblement à Saskatoon, capitale de la
province du Saskatchewan. Nous avons été bloqués pendant assez longtemps et
accumulons désormais plus de 9h de retard, malgré les changements de fuseaux
horaires en notre faveur. On a assisté à un début de mutinerie des fumeurs, et
une passagère a tenté une révolution en déclament des textes de loi pour
souligner qu’il est illégal de nous enfermer des heures dans un train à
l’arrêt. La cheffe de notre wagon, que nous surnommons affectueusement Mary
Poppins, tient bon et réussi à ramener le calme. Mais tous nos regards
désespérés sur les montres et les plaines enneigées ne réussissent pas à
accélérer la cadence. Le chauffeur s’amuse même à mettre nos nerfs à l’épreuve
en faisant une marche arrière de plusieurs kilomètres pour laisser passer,
devinez quoi, un énième train de fret !
L’après-midi,
une sortie improvisée par Mary Poppins nous permet de relâcher un peu la
pression à coup de bataille de boules de neige entre les passagers qui
deviennent nos amis d’un jour. Certains dansent, d’autres jouent au loup… chacun
craque comme il peut.
Après les
grandes plaines, nous voyons maintenant passer des collines entourées de forets
de bébé bouleaux et de toundra. C’est long, encore et toujours mais on
s’habitue, et même les révolutionnaires se résignent...
4ème
soir, quelque part en Alberta. On a toujours énormément de retard (environ
12h), mais il parait que ça peut se rattraper, alors on s’accroche à ce mince
espoir. On hésite à annuler notre nuit d’hôtel du lendemain, car nous étions
supposées arriver vers 18h mais, a priori, ça sera compliqué. On décide quand
même de croire en notre bonne étoile et au bon lit et à la douche qui nous
attendent bientôt.
Avant de
nous coucher, un petit papy de 86 ans est venu nous raconter une histoire,
l’histoire de sa vie. C’était très touchant, et on s’est senties comme à la
maison avec cet ancêtre qui aurait pu être le nôtre.
Pour continuer
sur de la douceur, on commence à sentir le caribou en décomposition de stade 4
et à avoir des escarres aux miches. Amis de la poésie, bonsoir !
Nous avons
passé Edmonton vers minuit, puis Jasper au petit matin. On a eu le droit à une
pause d’une demi-heure qui était la bienvenue. On en a profité pour se
ravitailler dans une boulangerie, parce qu’on commence à en avoir assez de nos
provisions de barres de céréales et de salade de riz maintenant moisie. Et puis
de toutes façons nos stocks sont plutôt bas, et il va bientôt falloir qu’on
retrouve le goût de la vraie nourriture.
À
Jasper nous avons changé de camarades et de paysages. C’est la portion la plus
jolie selon les guides, et effectivement c’est magnifique. On longe des
montagnes enneigées bordées par un lac pendant une bonne heure, à l’abris des
sapins et de la brume. Des nuances infinies de gris saupoudrées par les flocons
qui donnent des allures de soirée mousse au paysage. Pour une fois, on apprécie
la lenteur du train.
Et puis dans
le train, se trouvait aussi un prince charmant. Doriane l’a immédiatement
repéré et ce qui devait arriver arriva… J’ai donc fini mon trajet en solitaire,
sous les regards attendris des tourtereaux qui se sont envolés pour d’autres
aventures.
Nous sommes
finalement arrivés à Vancouver vers 3h30 du matin au lieu de 18h après
d’interminables lenteurs et une marche arrière de trop, et VIA rail nous a
gentiment proposé de rester dormir jusqu’à 6h et de nous offrir un petit-dèj,
wouhou ! J’ai préféré filer tout droit vers mon hostel et la promesse
d’une douche chaude et salvatrice. L’auberge était vraiment craignosse,
d’ailleurs je ne vous la recommande pas, mais après 4 jours et 5 nuits dans le
train, ça a fait l’affaire.
Pour
résumer, c’était une belle aventure !
Pour ceux
que ça intéresse, je vous laisse regarder les infos pratiques en bas de page,
en savourant la BO de l’excellent film « A star is born » chantée par
Lady Gaga et Bradley Cooper, et braillée en boucle par Do et moi depuis qu’on a
vu le film.
See you later in Vancouver!!
Partie
pratique :
- Budget
Entre 400 et
600$ le billet en classe éco pour Toronto-Vancouver.
Réserver un
mardi c’est moins cher, et si possible, pas 48h avant votre départ.
Avec la carte de membre du Hostel International (HI) vous pouvez avoir une réduction aussi.
J’ai tenté
une réclamation de remboursement de ma nuit d’auberge (30$) vu le retard
conséquent, mais on m’a répondu que c’était hors de question… à bon entendeur!
- Wagon éco
Gros sièges
inclinables avec un repose-pied. Pas super confortable en dessous de 1,70m, et carrément compliqué au-delà. Accès à des toilettes avec lavabo, à de l’eau
potable et de l’eau chaude (vous pouvez même grapiller du café dans le wagon
restaurant si le personnel de bord n’est pas là).
En éco, on a
accès au wagon avec les sièges, au wagon restaurant/toit panoramique et espace
détente, et au wagon avec des tables pour manger.
- Nourriture
Le menu est
plutôt abordable et les plats sont copieux. Nous avons fait le
choix d’emmener pas mal de nourriture pour tenir le plus longtemps possible, et
d’acheter uniquement à la fin.
Nous avons
donc embarqué :
Des barres
de céréales, des fruits, des chips, des graines, des céréales, des briquettes
de jus de fruits, des conserves de thon, du pain en tranche et du fromage (enfin le truc en plastique orange et carré qu'ils appellent cheddar).
Nous avons
également préparé à la maison des salades de riz, des œufs durs et une soupe de
légumes. Le problème est que les salades et la soupe n’ont tenu que 24h car il
faisait chaud dans le wagon. Les œufs en revanche sont une valeur sûre quand
ils sont cuits bien à cœur et en gardant la coquille.
- Autres choses utiles à emmener
Des produits d’hygiène dont des lingettes pour faire
une toilette de chat, du shampooing sec, du déodorant, des huiles essentielles
ou parfum ou baume du tigre (parce qu’au bout de 4 jours sans douche, on sent
tous le bouquetin faisandé), et évidemment une brosse à dents et du dentifrice.
Pour
dormir : le sac à viande est idéal.
Sans, vous risquez d’avoir froid à cause du souffle de l’air conditionné. Si
vous avez un oreiller gonflable c’est bien aussi.
Pour se
déplacer : comme dans les auberges, les tongs sont bien pratiques.
Et enfin, votre plus beau sourire!!!
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